Tribune de Mathilde ANDROUËT
Député français au Parlement européen
Membre de la commission environnement santé publique et sécurité alimentaire
Ce mercredi 22 novembre, un vote sur les produits phytopharmaceutiques, ou pesticides, s’est tenu au Parlement européen. Ce texte prévoyait la baisse de la consommation des pesticides de 50% en 2030 par rapport à la moyenne des années 2011, 2012 et 2013, comme il était prévu dans la politique dite « de la ferme à la table ».
Très contraignant, ce règlement n’est pas adapté à la situation européenne, et notamment la situation française qui reste la première agriculture d’Europe.
En effet, la période de référence (2011-2013) est une période de faible consommation de pesticides en France et en Allemagne, raison pour laquelle des amendements que nous avons soutenus ont proposé une période de référence plus tardive (2015-2017), pendant laquelle la consommation était plus élevée.
De plus, une baisse de 50% en 2030 est inatteignable, tant les modèles européens agricoles ont besoin de ces produits pour éliminer les nuisibles. Ce choix de réduire de 50% l’usage des pesticides n’est par ailleurs étayé d’aucun argument scientifique qui démontrerait la pertinence du chiffre et assurerait la faisabilité du projet.
On ignore tout de la mise en œuvre sachant que la valeur de référence est le chiffre de vente par État, qu’il manque à ce jour des données pour certains pays-membre et qu’on ne prend donc en compte que les tonnes de produits sans établir d’autres classifications qui permettraient d’affiner ou de cibler sur certains produits cette baisse de 50%.
Par ailleurs, il n’existe pas encore d’alternatives fiables aux pesticides, alternatives pour lesquelles le règlement ne prévoit aucun financement de recherche. Pour notre part, nous défendons une baisse de 35% en 2035, afin d’avoir des contraintes plus légères sur nos agriculteurs et plus réalistes sur leurs capacités de transition.
Nous sommes opposés à l’usage de pesticides quand d’autres solutions existent, comme nous soutenons le principe de zones sensibles sur lesquelles l’usage des pesticides doit être restreint ou même interdit.
Mais nous ne pouvons accepter de grever aussi lourdement la compétitivité des agriculteurs français. C’est pourquoi nous nous sommes opposés victorieusement à ce texte. Les conséquences d’un tel règlement auraient pu être graves : déclassement de l’agriculture française ou allemande, pertes de compétitivité, accroissement du malaise des agriculteurs, pertes de pouvoir d’achat. Ce sont des risques que les groupes Renaissance, LFI ou Verts n’hésitent pas à prendre, faisant fi de la situation sociale des agriculteurs. L’implication de vos élus RN au Parlement européen a payé ; elle a permis de protéger nos agriculteurs.