Emmanuel Macron, lors de sa conférence de présentation de la Présidence Française de l’Union Européenne a bien insisté sur la notion de souveraineté européenne, d’une véritable force continentale issue de la coopération entre les 27 Nations (dixit), tout cela pour faire face aux USA, la Chine ou la Russie, particulièrement en matière numérique.
Mais « en même temps », le 2 novembre dernier, Cédric O a présenté le plan industriel de soutien à la filière Cloud, « un cloud souverain » à hauteur de 1,8 Mds€ pour « construire des alternances aux technologies américaines ». Fait majeur, le Secrétaire d’Etat a présenté cette stratégie chez le français OVH cloud, premier acteur européen à se hisser dans le top 10 mondial des fournisseurs de cloud : la France est l’un des rares pays européens à avoir une industrie du cloud et des savoir-faire spécifiques concernant les logiciels d’exploitation des données mises sur les clouds.
Sauf que si les clouds sont tricolores (les serveurs sont physiquement en France), les logiciels d’exploitation sont tous US. Qu’ainsi, les services de l’Etat délégueront des services numériques à des logiciels des GAFAM. Et qu’au surplus, les commandes publiques, puissant levier d’accélération, ne sont pas fléchées vers les entreprises françaises qui ont le savoir-faire mais qui ont besoin de fonds pour atteindre une taille critique.
De plus, la promesse gouvernementale de « cloud de confiance » est mensongère tant le poids de la notion juridique de l’extraterritorialité du droit américain lui donne un libre accès aux données de la France, données personnelles comme d’Etat dans l’absolu très mal protégées à ce jour.
Emmanuel Macron a donc gravement menti à deux niveaux : en mentant à la France quant à une souveraineté nationale promise de la même manière à l’Europe, comme en faisant croire à une indépendance numérique, alors même que les opérateurs américains ou chinois sont déjà parties prenantes du cloud français et du cloud européen, entre autres par l’infiltration sino-américaine du projet européen GAIA-X.
Joëlle Mélin, Députée française au Parlement européen, membre de la commission Industrie, dénonce une fois de plus la duplicité voire la forfaiture du prochain président du Conseil de l’Union européenne, et demande instamment que la France, qui en a les moyens, soutienne la relocalisation d’hébergeurs sur son territoire et soutienne en priorité nos entreprises de développement de logiciels d’exploitation.