N°1 – Tribune anti-nucléaire de trois ministres européens des Affaires étrangères
L’Allemagne et l’Espagne, pourtant alliées de la France dans le futur avion de combat viennent, par le biais de leur ministre des Affaires étrangères, de procéder à un mauvais coup contre la force de frappe française ; avec leur collègue norvégien, les responsables diplomatiques ont en effet exhorté dans une tribune publiée le 5 juillet dernier dans le Rheinische Post « tous les Etats dotés d’armes nucléaires doivent réduire considérablement leur nombre et jeter les bases d’une nouvelle génération d’accords de contrôle des armements stratégiques ».
C’est un mauvais coup porté contre la France par Madrid et Berlin pour trois raisons :
La France a beaucoup désarmé ces dernières armées (démantèlement du centre du Pacifique, du plateau d’Albion, renonciation aux essais nucléaires au profit d’une simulation plus risquée, réduction du nombre de têtes, dissolution d’un escadron des Forces Aériennes Stratégiques sur trois, patrouille d’un et non plus de deux sous-marins nucléaire lanceur d’engins) ; nulle part n’a été constaté une telle réduction d’arsenal nucléaire.
La France a toujours eu et professé une doctrine de dissuasion de stricte suffisance où l’arme nucléaire : elle n’a jamais dissocié la dissuasion de l’arme nucléaire et celle-ci de celle-là ; les principes qui fondent la dissuasion nationale sont extrêmement raisonnables et mesurées :
La doctrine est strictement défensive ;
Elle vise à se protéger vis-à-vis d’une agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux ;
Par la garantie de dommages absolument inacceptables ;
Avec la possibilité d’un avertissement nucléaire pour rétablir la dissuasion.
La France, enfin, défend les vrais sujets : la lutte contre la prolifération des technologies non seulement nucléaires, mais également des vecteurs, le maintien du Traité de Non-Prolifération qui vise au maintien raisonnable du club nucléaire en l’état, etc.
On devine bien la manœuvre des ministres espagnol, allemand et norvégien qui semblent militer pour le Traité pour l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), célébré comme un pas en avant dans le désarmement de la planète. Ce TIAN apparaît au contraire comme une régression dans la mesure où aucun Etat nucléaire ne le signera. Il n’aura ainsi aucun effet sur la taille des arsenaux mondiaux ni sur la cause du désarmement (prolifération nucléaire, des technologies des missiles, etc) : la France s’en tient donc fort justement à la modernisation incrémentale de ses forces dans une doctrine de stricte suffisance.
N°2 – Suisse : choix du F-35 et du Patriot pour le programme Air2030
La Suisse a donc choisi les Etats-Unis comme seul gagnant de son programme de renouvellement d’avions d’armes et de défense sol-air.
Choix souverain, mais très probablement dicté par la rupture des négociations de l’accord-cadre entre l’Union européenne et la Confédération, il illustre le poids des Etats-Unis face à une Confédération toujours faible dès que lors que la menace d’une rupture des accords bancaires est brandie par Washington face à Berne…
Néanmoins, ce choix est contesté sévèrement par les partis de gauche et le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA). Le Comité dit unitaire (Verts, PS et GSsA) a lancé, comme prévu, sa campagne de signatures en vue d’une initiative populaire contre le F-35 (intitulé : « Stop F-35 ») :
Sur le fond, l’avion américain sélectionné étant celui de tous les dangers (technologiques, financiers), c’est le meilleur candidat pour obtenir un rejet de la part d’une population tout juste convaincue de la nécessité d’un renouvellement de la Défense aérienne lors du référendum du 27 septembre dernier (50,1% de oui);
Sur la forme, le comité estime qu’il pourra déposer le texte courant août après avoir récolté les 100 000 signatures nécessaires.
Néanmoins, la procédure engagée prendra du temps et a des conditions pour passer : d’où deux stratégies possibles :
La course contre la montre : si le Conseil fédéral transmet vite un contrat signé au Parlement pour obtenir le crédit nécessaire, l’initiative pourrait alors être invalidée, car inexécutable.
La votation : le Conseil Fédéral décide de lancer son propre contre-projet et le soumet au peuple, stratégie risquée si les arguments avancés ne sont pas plus transparents que ceux communiqués (en allemand, ce qui a déplu aux cantons francophones les plus pacifistes) mercredi dernier.
L’objectif du Comité est donc au minimum de faire pression sur les Nationaux hésitants au Nationalrat, et de faire traîner le dossier deux à trois ans jusqu’à ce qu’il tombe politiquement.
N°2 – Royaume-Uni : objectif Kiev
L’incident relatif au passage de la HMS Defender (Type 45) au large de la Crimée le 23 juin – tensions avec la Russie qui aurait donné lieu ou non à des tirs russes de semonce au passage du destroyer en mer Noire – n’est en rien innocent côté britannique selon la version en cours à Moscou ; pour les dirigeants russes, en dépit des proclamations d’un « passage innocent » (terminologie de la convention des Nations-Unies sur le droit de la Mer) par la partie britannique, il s’agit d’une provocation mesurée, voulue par Londres dans l’objectif d’envoyer un message de soutien fort à l’Ukraine.
Le rapprochement rapide entre Londres et Kiev a commencé après la visite du président ukrainien Volodymyr Zelenskiy à Londres en octobre de l’année dernière. Ce n’était pas la période la plus facile pour Kiev : la course préélectorale aux États-Unis était entrée dans la dernière ligne droite, au cours de laquelle le sujet ukrainien était constamment présent, et l’équipe Trump travaillait activement à démontrer d’éventuelles affaires de corruption du fils de M. Biden en Ukraine. L’Ukraine et le Royaume-Uni ont conclu un accord global de partenariat avec pour objectif la lutte contre l’influence de la Russie (notons à cet égard que M. Zelensky s’est personnellement rendu en visite officielle au siège du Secret Intelligence Service) ;
L’accord général a été prolongé par un mémorandum dans les domaines militaire et d’armement, signé par les ministres de la Défense des deux pays, Andrei Taran et Ben Wallace, également lors de la visite de Zelensky.
C’est cet accord-cadre qui prévoit l’octroi d’une ligne de crédit de 1,2 milliard £ du British Export Credits Guarantee Department (ECGD) pour une durée de dix ans.
Ligne de crédit qui doit servir à financer la construction de huit patrouilleurs lance-missiles (dont deux au Royaume-Uni), la modernisation d’un chantier ukrainien et la création de deux bases navales.
Cet accord a été confirmé le 21 juin à bord de la frégate HMS Defender, lors de son escale à Odessa.
Deux chasseurs de mines de la classe Sandown ont été cédés à la Marine ukrainienne.
Tout indique donc une véritable feuille de route britannique sur l’Ukraine, venant démontrer, peu après la rencontre Biden-Poutine, que Londres est le soutien occidental le plus ferme de Kiev. Même la découverte, à Londres, le 26 juin, de documents confidentiels sur l’itinéraire de la frégate d’Ukraine vers la Géorgie, est considérée à Moscou comme un des éléments de la stratégie britannique globale visant à démontrer à Kiev l’engagement sans réserve de sa diplomatie et de ses forces armées aux côtés de l’Ukraine face à la Russie.
A suivre de près…
N°3 – Italie : départ forcé de la base d’al-Minhad
C’est un nouvel épisode de la dégradation des relations italo-émiriennes qui s’est joué avec le départ forcé des Italiens de leur base d’al-Minhad aux Emirats Arabes Unis. L’origine de cette affaire remonte au gel décidé par le gouvernement italien M5S de certaines licences d’exportation d’armement à destination des EAU.
Considérée comme une atteinte à sa souveraineté, Abu Dhabi a boycotté toutes les sociétés de défense sur son territoire.
N°4 – EAU : inauguration d’une ambassade et d’un consulat israéliens
L’inauguration récente des nouveaux centres de coopération israéliens aux EAU – Ambassade à Abu Dhabi et consulat à Dubaï – officialise l’accord d’Abraham, la longue coopération dans le renseignement et inaugure surtout une relation de défense.
L’accord-cadre entre EDGE, holding publique de défense de l’Emirat d’une part et IAI, société aéronautique israélienne, de l’autre est centré d’abord sur le développement d’un système de lutte contre les drones (C-UAS) ;
Cet investissement de comprend dans la relation, plus large, dans le domaine de l’énergie : le besoin de protection des infrastructures des deux pays se justifie aussi par des relations futures croisées entre fonds émiriens et sociétés gazières israéliennes ;
Enfin, il devrait baliser la relation armement à venir pour l’étendre à d’autres domaines de co-production.
N°5 – EAU : fortification de l’île de Mayuun
L’île de Mayyun, la plus proche du détroit de Bal al-Mandeb, est en cours de transformation par les Emirats Arabes Unis pour devenir non seulement une base aéronavale, mais également un centre de renseignements sur le Yémen et la mer Rouge.
L’implantation des EAU résulte d’un accord avec l’Arabie saoudite : Ryiadh est prête à concéder l’ile conquise sur les Houthis en 2015 à Abu Dhabi, mais le Président yéménite refuse pour le moment de la concéder au-delà de dix ans.