Le projet de vente de deux frégates de type FREMM (pour 1,25 milliard €, un prix très bradé) prévu pour la Marine italienne, mais finalement réservé pour la marine égyptienne a mis le feu aux poudres en raison de l’affaire Guilio Regeni, du nom de cet universitaire italien, enlevé, torturé et assassiné en janvier 2016 au Caire, et au sujet duquel le Caire a toujours refusé la moindre coopération avec la justice romaine. La partie est d’importance pour Rome :
- d’un côté, ce contrat mettrait fin aux tensions diplomatiques au moment où la Turquie, proche de l’Italie, encercle l’Egypte en Libye et en Méditerranée et ouvrirait la voie à des contrats majeurs : 4 autres frégates, une vingtaine de patrouilleurs lourds (type PPA), 20/24 avions d’entraînement M346 et 24 avions d’armes Typhoon, soit une liste de courses estimée au bas mot 10,5 milliards € ; l’armement suivrait alors l’ENI qui a découvert le gisement de gaz de Zohr, dont l’ampleur permettra au Caire de satisfaire ses besoins nationaux en hausse et d’exporter ;
- de l’autre, se forme au nom de la morale une opposition véhémente, coalition hétéroclite au sein des partis politiques (parti démocrate et M5S) et la Marine qui n’a pas l’assurance formelle que le gouvernement lui refinancera deux frégates de premier rang au moment où les tensions s’accumulent en Méditerranée.
Après l’appel entre le Premier Ministre italien, M. Conte et le Président Sissi, le 7 juin, un début de coopération judiciaire semble s’amorcer mais très lentement : le 1er juillet, les procureurs italien et égyptien dialogueront ; du succès ou de l’échec de ces négociations dépendra le sort du projet de vente d’armes. Si les deux frégates FREMM sont finalement vendues (seule une signature manque), leur vente, extrêmement contestée, risque d’obérer les autres projets de vente. En ce sens, ce serait une victoire à la Pyrrhus.