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Défense: les brèves

par | 8 juillet 2020 | Newsletter

Pologne : Fort Trump 

La visite du Président Duda aux Etats-Unis, la deuxième en moins d’un an, a été l’occasion de vérifier la solidité de l’alliance américano-polonaise, déjà scellée par le premier volet du contrat Patriot (en 2018 pour 4,45 milliards €), Himars/lance-roquettes (en 2019, 414 millions $) et F-35 (en 2020, 32 avions pour 4,4 milliards $).

Même si aucune décision n’a été prise, le dispositif américain en Pologne ira en se densifiant.

Allemagne : signification des frégates MKS-180

Avec l’accord de la Commission du budget du Bundestag, le projet de frégates lourdes MKS-180 vient au programme ; ce projet, au-delà des capacités expéditionnaires qu’il donnera (ou non) à la Marine, a généré trois conséquences, dépassant (et de très loin) l’importance pourtant majeure du programme :

  1. Il a fait prendre conscience au pouvoir politique de l’importance des technologies navales de surface qui n’étaient pas protégées par la revue des technologies de souveraineté en 2015 (on signale à cette occasion que les missiles ne le sont toujours pas !) et le sont désormais ;
  2. Il a entraîné la fin des appels d’offre européens pour les projets jugés (sur des critères très élastiques de sécurité nationale) sensibles dans la défense mais aussi dans la sécurité (drones, cryptographie, etc) ;

Ces deux mouvements, d’essence au fond très nationaliste, ont été encouragés par le coordinateur des affaires maritimes au BMWi, M. Brackmann.

  1. Il a enfin provoqué un double mouvement industriel avec d’une part le regroupement fusionnel entre les deux familles Safa et Lürssen créant un champion national et à l’exportation dans le domaine de la surface, et de l’autre la marginalisation de TKMS dans le même domaine ; ce double mouvement pouvant d’ailleurs en entraîner deux autres : un possible rapprochement germano-néerlandais (car après tout, le retrait du recours suspensif déposé par M. Safa contre la décision d’attribution du projet à Damen a été un cadeau non seulement pour le chantier néerlandais mais aussi pour les Pays-Bas, argument dont logiquement devrait se prévaloir TKMS à La Haye, accentuant la partition entre chantiers privés du Nord (hanséatique) et chantiers étatiques du Sud et un mouvement de ThyssenKrupp pour sa filiale (vente, adossement) si les repreneurs (Rheinmetall pour la partie sous-marine ; German Naval Yards-Kiel+Lürssen pour le bureau d’études et les équipes spécialisées dans l’intégration de TKMS) veulent bien payer le prix.

En ce sens, ce programme a été bel et bien structurant pour l’industrie navale allemande. Reste à voir s’il le sera pour la Marine qui a pris des paris risqués avec des bâtiments très lourds et aux modules de mission potentiellement problématiques (voir le sort de ces modules de mission dans le programme désastreux de LCS aux Etats-Unis).