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Défense. Le dossier : les Verts allemands et leur programme Défense, à gauche toute

par | 15 avril 2021 | Newsletter

Le 19 mars, Bündis90/die Grünen a publié sa plateforme électorale ; la section défense, comme le reste du programme, est très à gauche. Analyse et commentaires :

  1. Un nouvel élan pour le désarmement : un monde sans armes nucléaires

Les Verts allemands, quoique nettement partagés entre fundis (les purs) et realos (pragmatiques) n’ont abandonné ni leur pacifisme ni leur hostilité à l’arme nucléaire ; c’est donc tout naturellement qu’ils mettent en avant les mesures suivantes :

  • L’objectif d’un monde sans armes nucléaires.
  • La mise en place d’un nouveau traité de limitation des forces nucléaires à portée intermédiaire.
  • L’adhésion de l’Allemagne au traité d’Interdiction des armes nucléaires (TIAN, entré en vigueur et que l’Allemagne n’a pas souhaité signer en raison de sa participation à la mission nucléaire de l’OTAN sous Tornado et demain sous F-18).

 

Si la France souhaite la prolongation des traités de désarmement entre la Russie et les Etats-Unis, sa doctrine de dissuasion est en contradiction totale avec la position des Verts, notamment sur le TIAN, jugé nocif, à juste titre, par la diplomatie française.

  1. Vers l’interdiction des exportations d’armement

En pointe sur ce sujet dès leurs origines, les Verts allemands n’ont cessé de critiquer les exportations allemandes à l’extérieur de l’Europe ; ils en appellent à une harmonisation de la position allemande au niveau européen et à une interdiction plus généralisée des exportations.

  • Interdiction des exportations d’armes et de matériel militaire vers des dictateurs, des régimes qui méprisent les droits de l’homme et vers des zones de guerre.
  • Instauration d’un contrôle restrictif au niveau de l’Union européenne, assorti de règles et de sanctions strictes.
  • Lien coopération de défense au respect des critères démocratiques.
  • Rédaction d’une loi sur les exportations d’armement (droit d’action des ONG ; contrôle strict ; sanctions ; contrôle renforcé pour le certificat de destination) ;
  • Fin des garanties Hermes-Euler pour les ventes d’armes ;

 

Un tel programme ne surprend pas même s’il est en contradiction totale avec la doctrine française d’exportation qui considère l’exportation à la fois comme un pilier de son influence diplomatique et une condition du modèle économique de son industrie d’armement. En revanche, reste à savoir si la direction du Parti remettra en cause les accords bilatéraux (dits de minimis) signés par l’Allemagne avec la France.

 

  1. L’interdiction de systèmes d’armes

Les Verts se prononcent ensuite pour l’interdiction de certains systèmes d’armes :

  • Les drones et robots armés naturellement.
  • Les logiciels de cyber-attaques, de manière plus surprenante.
  • Les armes destinées à l’espace.

 

Par définition, la France ne s’interdit aucun système d’armes destinés, même si celui-ci est à caractère offensif. Elle s’en remet, pour l’éthique, à celle du pouvoir exécutif, du commandement militaire et à la responsabilité sur le terrain de ses militaires.

 

  1. Un réalignement stratégique de l’OTAN

Constatant les divergences au sein de l’OTAN, les Verts estiment cependant que l’organisation demeure incontournable comme forum et alliance militaire collective ; les Verts s’opposent à toute re-nationalisation de la force armée.

Mais ils demandent que :

  • L’OTAN revoit avec ses membres les menaces et donc ses priorités ;
  • L’OTAN renonce à l’objectif arbitraire des 2% du PIB alloués à la Défense ;
  • L’OTAN s’entende sur des tâches précises et leur financement.

 

Le groupe ID fera dans sa prochaine édition la critique raisonnée de l’OTAN et de ses dérives, visibles notamment dans le nouveau concept NATO 2030.