Communiqué de Mathilde Androuët, député français au Parlement européen
Publié par la Fondation sur la recherche stratégique, un récent rapport portant sur la stratégie des entreprises étrangères en Europe montre qu’une quinzaine de pays extra-européens bénéficient des financements de l’Union européenne (UE) sur des programmes liés à la recherche et développement scientifique et technologique, mais aussi à l’innovation ou encore à la performance industrielle (FP7 et H2020). Au total, près de 7 milliards d’euros sont alloués à des pays tels que la Suisse, Israël, la Norvège, la Turquie ou encore les Etats-Unis. Le financement de ces programmes demeure en effet ouvert à l’ensemble des pays du monde alors même qu’il est intégralement issu des fonds publics européens !
En plus d’offrir à ces Etats l’argent du contribuable européen, l’UE ne mesure pas à quel point elle pratique un sabotage contre ses propres intérêts stratégiques. L’extraterritorialité du droit américain en est l’illustration parfaite : les multinationales européennes (Siemens, ABN Amro, Technip, Alstom, Société générale…) se voient infliger de lourdes sanctions par Washington sous prétexte qu’elles enfreindraient la loi américaine sur des fondements juridiques motivés par les intérêts économiques et commerciaux de leur nation. La déstabilisation de nos entreprises européennes est bien délibérée, et l’Europe peine à riposter.
Ce renoncement à la puissance est symptomatique du déni des élites européennes qui ne perçoivent pas que les dynamiques actuelles sont en train de distancer notre continent des géants américains ou chinois.
L’heure est aux prédations mondiales incarnées par des acteurs dont la seule volonté est hégémonique. Pour s’en protéger, il n’existe pas d’autre issue que de recréer un véritable pôle de puissance capable de porter des projets d’envergure comme ce fut notamment le cas avec Airbus dans le passé. L’Europe doit enfin s’assumer afin de renverser la tendance actuelle, et la France a tout intérêt à initier la démarche.