Aurélia Beigneux
Député français au Parlement européen
Membre de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire et membre de l’intergroupe relatif au bien-être animal
La présidence belge du Conseil de l’Union Européenne a élaboré un plan contre la propagation de la pédopornographie en ligne. Bien que cet effort soit louable, il s’habille des défauts habituels des textes européens, soulevant de vraies questions quant à l’efficacité réelle des mesures prises, la rigueur des sanctions envisagées et, de manière plus générale, la posture de la justice face à ce fléau.
Rappelons qu’EUROPOL a tiré la sonnette d’alarme déjà en 2020, révélant une augmentation significative des cas de pédopornographie, exacerbée par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Le Centre international pour enfants disparus et sexuellement exploités (ICMEC) constate de son côté que la fin de la pandémie a engendré une explosion des abus sexuels sur enfants en ligne et que la diffusion en direct de contenus sexuels impliquant des mineurs a considérablement augmenté, tout comme la quantité de contenus autoproduits par ces mêmes mineurs.
Les mesures proposées au niveau européen sont donc insuffisantes. La focalisation sur l’analyse des risques et la détection montre que l’Union européenne reste dans une approche réactive plutôt que proactive. La pornographie infantile exige bien au contraire une stratégie globale, incluant l’éducation des utilisateurs, la sensibilisation accrue et des efforts de prévention auprès des jeunes. Les gouvernements européens doivent aussi investir dans des technologies de pointe pour détecter et bloquer l’accès à ces contenus illicites. Servons-nous des outils proposés par l’intelligence artificielle, capables d’identifier et de signaler automatiquement ces contenus sur internet
De plus, la mise en œuvre effective des mesures européennes reste floue, ce qui fait craindre de très faibles résultats lorsqu’il s’agira de leur application concrète sur le terrain. Quid des trafics qui traversent nos frontières devenues des passoires ? Comme toujours ce tabou politique n’est jamais abordé.
Pour être véritablement efficace, la lutte contre ce fléau nécessite un engagement beaucoup plus fort, des actions concrètes immédiates, et un cadre législatif et judiciaire clair, rigoureux et appliqué sans réserve. Les années qui s’achèvent ont été une nouvelle fois dévastatrices pour de nombreux enfants, tout comme pour leurs familles, souvent poussées au pire par la misère ou les contextes de guerre. L’Europe a le devoir d’être le continent de la dignité humaine, pour les adultes tout comme pour les enfants. Encore faut-il s’en donner les moyens.