Annika Bruna
Député français au Parlement européen
Ce Jeudi 11 mai, l’initiative citoyenne « Stop à la pêche aux ailerons – Stop au commerce » était débattue au Parlement européen.
On y évoquait le « finning » qui consiste à découper l’aileron du requin vivant avant de rejeter son corps à la mer où il agonise pendant des heures. Cette pratique barbare est interdite en Europe depuis 2013.
La Commission européenne se montre toutefois très permissive vis-à-vis de cette dérive de la pêche industrielle alors qu’elle soumet nos petits pêcheurs à des normes toujours plus intrusives. Ce sont pourtant les petits pêcheurs qui assurent notre souveraineté alimentaire et non les navires industriels qui exportent des ailerons de requin vers l’Asie.
Désormais, 60 % des espèces de requins sont en danger d’extinction. Depuis les années 80, le seul commerce légal de requins engendre la mort de 100 millions d’entre eux chaque année, dont 73 millions pour la production de soupes d’ailerons en Asie. En prenant en compte la pêche illégale, le chiffre pourrait atteindre jusqu’à 273 millions de requins tués chaque année.
L’initiative citoyenne a pour ambition de combler les lacunes de notre législation en interdisant l’importation, l’exportation mais aussi le transit des ailerons détachés du corps de l’animal.
Cette initiative est la bienvenue car la disparition des requins pourrait bouleverser l’écosystème océanique. Ces prédateurs régulent de nombreuses espèces. Ils empêchent la prolifération des espèces herbivores et protègent ainsi les herbiers qui absorbent le carbone et restituent de l’oxygène dans nos mers. Ces herbiers sont donc de véritables puits de carbone qui atténuent les effets du changement climatique. Ils seraient même plus efficaces que les forêts.
Protéger le requin, c’est donc une action capitale en faveur de la biodiversité mais aussi en faveur du climat.