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Golfe et élections américaines

par | 16 novembre 2020 | Newsletter

À quelques jours de l’élection présidentielle américaine, au moins deux pays du Golfe – l’Arabie et les EAU – retiennent leur souffle. Même si un Joe Biden ne pourra pas tourner le dos à la politique étrangère et de défense des États-Unis envers ces deux pays-clés, les inflexions pourraient occasionner quelques déconvenues à MbS et à MBZ.

Sur la forme, d’abord : la diplomatie de Trump les avait séduits par sa simplicité directe qui évitait les débats d’experts, et sa volonté de conclure vite des accords clairs ;

Sur le fond ensuite, l’hostilité totale de M. Trump aux actions et décisions de son prédécesseur démocrate, M. Obama (accord sur l’Iran, mise en avant des droits de l’homme, hésitation à vendre des systèmes d’armes sophistiqués comme les drones Reaper ou le F-35, à part la défense sol-air, purement défensive) ne pouvait que leur plaire.

Certes, un Joe Biden élu n’annulerait pas la tutelle et la promotion d’accords de reconnaissance entre l’État hébreu et les pays arabes (au-delà des deux signataires, EAU et Bahreïn), ne reviendrait pas sur la décision de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem, mais il pourrait être moins conciliant sur quelques points-clés :

L’Iran, en premier lieu, où le démocrate pourrait tenter de reprendre le dialogue pour en revenir à un accord 5+1 en échange de garanties plus musclées ;

Les ventes d’armes régionales, en second lieu : lors de la mort de M. Kashoggi, le futur candidat à la présidentielle démocrate avertissait que, lui, élu, il cesserait toute vente d’armes à l’Arabie et la traiterait en « paria ». Paroles certainement excessives car prononcées en plein milieu de la crise, mais qui donnent le ton : moins de concessions.

Echos du Golfe et du Proche-Orient :

L’Egypte premier client de l’industrie d’armement allemande. Sur un total de 4,13 milliards € d’AEMG autorisés sur les neuf premiers de l’année, l’Egypte en représente 585,9 millions €.

L’Arabie n’a pas été élu au conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, seul pays à s’être présenté et à échouer ;

Pour la première fois depuis 37 ans, le Liban et Israël, juridiquement en guerre, se sont rencontrés dans le sud du Liban sous la médiation américaine ; l’objectif des deux protagonistes étant de lever les obstacles à la prospection d’hydrocarbures et de régler le désaccord qui les oppose au niveau du bloc numéro 9, concernant une zone de 860 km2 qu’ils se disputent. Cruciales pour un Liban en faillite qui s’est lancé en 2018 dans la prospection d’hydrocarbures offshore, les négociations ont vu la réunion préliminaire entachée par les critiques du tandem chiite Hezbollah-Amal contre la composition de la délégation libanaise. Comprenant deux civils, elle serait, selon lui, contraire aux termes de l’accord-cadre conclu à cet effet.

L’embargo sur les armes contre l’Iran voté en 2006 et mis en place l’année suivante a expiré dimanche comme prévu dans le cadre de son accord nucléaire avec les puissances mondiales et, ce, en dépit des objections des États-Unis.

L’Iran a déjà prévenu qu’elle ne cèderait pas à la frénésie des achats en dépit de son retard dans nombre de domaines en raison du régime des sanctions.

C’est que l’économie iranienne reste paralysée par les sanctions américaines (ou les craintes de représailles financières américaines envers quiconque franchirait le pas), la crise sanitaire et les prix bas du pétrole.