Tribune d’Annika Bruna
Député français au Parlement européen
Membre des commissions Libertés civiles, Justice et Affaires intérieures,
et Droit des femmes et égalité des genres,
Membre de l’intergroupe Bien-être et protection des animaux.
À peine élu en Pologne, le nouveau Premier ministre Donald Tusk semble avoir fait disparaître les accusations de violation de l’état de droit contre son pays.
Pourtant, Monsieur Tusk vient de purger les médias publics en licenciant ses dirigeants considérés comme proches du PiS (Droit et Justice), parti qui détenait l’ancienne majorité conservatrice en Pologne mais qui a perdu les élections en octobre dernier.
Monsieur Tusk vient également d’envoyer sa police investir le palais présidentiel pour y arrêter deux anciens ministres du PiS, Mariusz Kamiński et Maciej Wąsik. Les deux hommes sont sous le coup d’une enquête pour abus de pouvoir pour des faits datant de 2007 : ils étaient alors respectivement directeur et directeur adjoint du bureau central anticorruption et ont été condamnés à deux ans de prison. Cependant, les intéressés avaient été graciés en 2015 par le Président polonais, Andrzej Duda…
Autre dérive récente : l’incroyable levée de l’immunité parlementaire de plusieurs eurodéputés polonais conservateurs accusés d’incitation à la haine après qu’ils aient relayé des contenus anti-immigration sur les médias sociaux.
La nouvelle coalition arc-en-ciel se verra-t-elle pour autant reprocher des violations de l’état de droit par la Commission européenne ?
Pour le moment, les eurocrates se félicitent de cette dérive autoritaire très inquiétante. Il est vrai que, comme je l’indiquais en commission « Libertés civiles, Justice et Affaires intérieures » le 4 décembre dernier, la notion d’état de droit ne s’applique actuellement que pour frapper les gouvernements de droite ou les gouvernements conservateurs…
Pour les eurocrates, censurer les réseaux sociaux, licencier ou emprisonner leurs opposants et même remettre en cause les grâces présidentielles, ce n’est pas violer l’état de droit dès lors que les victimes sont dans l’opposition souverainiste.
Seule éclaircie dans ce ciel assombri par la coalition arc-en-ciel, Donald Tusk vient de refuser le principe de relocalisation des demandeurs d’asile vers son pays. Mais cela lui sera-t-il pardonné par ses amis fédéralistes européens ?