A chaque trimestre, c’est la même histoire. Déconsidéré par les mouvements sociaux, accablé dans les sondages, Emmanuel Macron imagine un nouveau plan pour l’Europe. A Athènes comme à la Sorbonne, il redessine les aspirations nationales, multiplie les plans d’urgence, invente de nouvelles politiques. Selon les circonstances, il se flanque ou non d’Angela Merkel, afin de crédibiliser le propos.
Le lundi 18 mai, dans l’après-midi, le Président français a remis ça. En plus de l’utilisation des moyens financiers évoqués lors du Conseil du 24 avril dernier, l’Union Européenne pourrait lever 500 milliards d’euros en empruntant sur son nom. Dans sa visioconférence, Angela Merkel avait une mine bien satisfaite et pour cause : le poète Macron n’avait pas vu l’arnaque. En s’endettant sur son nom propre, l’Union Européenne devient de la sorte un Etat à part entière. Pire, elle le fait en respectant strictement l’arrêt de la cour de Karlsruhe, puisque la Banque Centrale Européenne n’aura pas à altérer ses standards.
Tout le monde est content : Macron se prend pour Charlemagne et Merkel, comme Bismarck, gagne contre un Président français naïf et acculé par sa mauvaise gestion de la covid-19. Le Président français fait la une des médias, sans expliquer que rien n’est voté, que déjà l’Autriche et les Pays-Bas annoncent leur refus, que l’Allemagne vient de toucher 51% des aides d’Etat européennes distribuées en urgence. Mais Emmanuel Macron est ravi. Une seule de ses interventions suffirait à changer l’Union Européenne, alors imaginez l’effet de ses multiples discours.
L’histoire récente devrait pourtant apaiser notre prophète-président. Il annonçait au début du mois qu’il fournirait le 14 mai les résultats de la grande enquête « Discovery » sur les patients européens touchés par le virus. Aux dernières nouvelles, 750 patients étaient intégrés à l’étude en France. Et seulement un en dehors de l’hexagone.
C’est raté pour le Nobel de médecine.