Durant le confinement, les travailleurs français frontaliers ont subi un véritable calvaire en Allemagne. Pendant près de deux mois, ils ont été d’abord visés en premier dans les entreprises par toutes les mesures de chômage partiel forcé. Déjà épuisés par un emploi du temps chamboulé par les mesures sanitaires liées à la pandémie du coronavirus, les transfrontaliers ayant gardé leurs postes ont dû se lever plus tôt pour partir au travail, subir les longues files d’attente aux postes frontières, sans compter les discriminations et les contraventions du quotidien.
Outre les actes anti-français (crachat, insultes)*, ils ont été traités comme des pestiférés en étant privés d’effectuer des achats – même de première nécessité – dans les magasins allemands, sous peine de très lourdes amendes pouvant aller jusqu’à 1000 euros (500 euros pour un plein d’essence ou pour avoir effectué ses courses dans un supermarché).
Face à cette situation alarmante et après divers témoignages et sollicitations, nous avons interpellé le ministre-président du Bade-Wurtemberg, lequel a reconnu des excès du côté allemand. Mais, si les amendes pourront être contestées, nos compatriotes garderont encore longtemps ce sentiment d’humiliation qu’ils pensaient ne jamais connaître dans un pays ami, allié et voisin.
Cette pandémie aura révélé un aspect de nos voisins que l’on croyait disparu, un sentiment anti-français que l’on pensait à jamais confiné dans les oubliettes de l’histoire. Elle aura aussi montré les limites de l’amitié et de la «solidarité» franco-allemande en temps de crise.
Le 9 mai, l‘Union Européenne a fêté virtuellement les 70 ans de la déclaration de Robert Schuman et à cette occasion, les présidents des groupes du Parlement européen, ont déclaré que «Cette crise a démontré, au prix fort, que l’UE restait un projet inachevé et que l’incapacité à organiser la solidarité (…)n’étaient pas des débats théoriques ». En effet, Schuman s’est trompé: 70 ans d’exportations allemandes n’ont créé aucune solidarité «de fait» et pour Merkel, un voisin français vaut moins qu’un lointain réfugié.