Communiqué d’Aurélia Beigneux
Député français au Parlement européen
Membre de la Commission environnement
et de l’intergroupe relatif au bien-être animal
En Europe comme à l’étranger, la France est reconnue pour la qualité de ses animaux d’élevages, destinés ou non à l’industrie alimentaire. Pourtant, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a refusé de se joindre aux nombreux pays qui réclament l’arrêt de l’exportation d’animaux vivants vers les pays hors de l’Union européenne. Cette décision est un faux pas politique et moral.
Les animaux exportés au-delà des frontières européennes sont souvent entassés dans des cargos vieillissants, la moyenne d’âge de ces navires étant actuellement de 41 ans. On sait qu’il est fréquent que certains se perdent ou doivent accoster pendant de longues durées pour des raisons administratives, les animaux restant bloqués à bord. Ce ne sont pas les scandales qui manquent : cette semaine, des paresseux ont été retrouvés morts, coincés dans un avion à l’aéroport de Liège en Belgique. En mars 2021, 130.000 moutons se sont retrouvés bloqués pendant une semaine sur le Canal de Suez. Fin 2020, 2 navires ont erré 2 mois en Méditerranée avec à leur bord 2.600 bovins. L’inaction face à ces drames sanitaires doit pousser à des mesures concrètes.
Au Parlement européen, la Commission d’enquête sur le transport des animaux avait rendu des conclusions très claires que nous avions soutenues : dans les camions, les avions ou les cargos, les conditions de transport ne respectent souvent pas les besoins primaires des bêtes qui sont exposées à des chaleurs élevées, au froid, à la soif, aux blessures, et qui sont souvent entassées au mépris des normes.
Cette interdiction de l’exportation d’animaux vivants hors de l’Union européenne était une opportunité que le gouvernement d’Emmanuel Macron a une nouvelle fois laissé passer. Alors que les États-membres sont divisés sur la question, la France aurait pu user de son influence pour faire pencher la balance du côté du bien-être animal.
Être exemplaire face à la vie humaine comme face à la vie animale est l’identité même de la civilisation européenne. Le bien-être animal est toujours brandi par les différents courants politiques mais dépasse trop rarement le stade des déclarations de bonne intention. Passons enfin à l’action !