Aurélia Beigneux
Député français au Parlement européen
Membre de la Commission environnement
Il y a quelques mois, j’avais alerté la Commission européenne au sujet de la pénurie de médicaments. Amplifiée par la crise de l’énergie, cette pénurie qui menaçait notre continent est devenue une réalité.
Après le paracétamol et les corticoïdes, c’est maintenant l’Amoxicilline qui est en tension, à tel point que des pharmaciens en fabriquent eux-mêmes ! Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce sont toutes les classes qui seront à terme concernées par les différentes ruptures de stock. La crise est historique : entre 2008 et 2018, les pénuries ont été multipliées par 20.
Alors que la Commission européenne ne cesse de vanter la puissance et l’indépendance de l’Union européenne, les faits nous prouvent le contraire. La dépendance vis-à-vis de la Chine atteint des records : 80% des principes actifs de nos médicaments sont importés d’Asie. La preuve : la récente vague de COVID-19 qui frappe la Chine a coupé les importations et nous laisse démunis. Cette pandémie laissait espérer une prise de conscience de la part de Commission européenne pour relocaliser notre production, mais c’est l’exact l’inverse qui s’est produit ! Accablés par l’explosion du prix de l’énergie, les investisseurs déjà frileux, ont fui notre continent privilégiant encore et toujours l’Asie et ses coûts de production au rabais.
Aujourd’hui plus qu’hier, il est urgent de relocaliser les chaines de production et de mettre un terme définitif à la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la planète entière. L’État doit prendre la responsabilité de produire les médicaments essentiels ; il en a les moyens, notamment via la pharmacie centrale des armées. Aussi, comme pour beaucoup de secteurs régaliens, les appels d’offre publics doivent inclure une clause de production nationale. Lorsque ces objectifs auront été atteints, des stocks de médicaments stratégiques doivent être créés, ceux-là même qui auraient dû être mis en place au lendemain d’une telle crise sanitaire.
Cette vision souveraine de long terme, seuls vos élus du Rassemblement national la défendent aujourd’hui, seul le Rassemblement national a fait le choix sans compromis de la nation contre celui de la mondialisation. Les technocrates vous parlent de budget à longueur de journée alors qu’encore une fois, il s’agit avant tout de volonté politique. Mais cette volonté fait cruellement défaut à nos élites enfermées dans leurs carcans idéologiques.