S’il est un scandale qu’il faut dénoncer, c’est bien celui qui consiste, non seulement à ne verser aucune aide à ces pays qui accueillent des millions de réfugiés, mais aussi à continuer de les priver du versement des fonds européens.
Plus de 36 milliards d’euros pour la Pologne et 7 milliards pour la Hongrie sont ainsi bloqués par la Commission européenne.
Pourquoi ? En raison d’une prétendue violation de « l’état de droit » commise par ces nations, pourtant souveraines.
Même si plan de relance et aide aux réfugiés sont deux domaines distincts, il est inconcevable, pour un esprit sain, d’admettre « qu’en même temps », les pays, membres de l’UE, qui devraient être aidés et félicités, ne le sont pas et sont victimes d’un acharnement bruxellois visant à bloquer les milliards qu’ils leur sont dus.
Mais, ce n’est pas tout. Une action concertée de toute la gauche du Parlement européen, qui regroupe notamment nos macronistes, France insoumise, Verts, socialistes, a fait pression sur la présidente de la Commission européenne pour que ce blocage de fonds perdure, par une lettre qui lui a été adressée le 24 mars dernier. Sa lecture est édifiante. Et le résultat a dépassé tous leurs espoirs.
En effet, Mme Von der Leyen vient d’annoncer, juste après la réélection d’une large majorité pour Viktor Orbán en Hongrie, que le mécanisme dit de « conditionnalité » allait être activé contre ce pays. Derrière la technicité d’une telle annonce, c’est d’un nouveau scandale qu’il s’agit. Puisqu’il permet d’entériner ce blocage des fonds européens contre tout pays de l’UE qui ne satisferait pas, selon l’appréciation de Bruxelles, à « l’état de droit » ! Notion floue et très discutable, qui reflète en réalité l’idéologie fédérale et mondialiste de l’UE.
Tout ceci fait suite à des décisions de la Cour de Justice de l’Union européenne qui permettent, par un tour de passe-passe judiciaire, de contourner l’article 7 du traité sur l’UE qui exige l’unanimité pour suspendre le versement de fonds européens. Cela faisait longtemps que la Commission souhaitait arriver à un tel résultat.
Grâce à la Cour de Justice de l’Union Européenne, elle y parvient enfin.
Cette évolution, qui est une révolution car elle traduit l’hégémonisme de la Commission qui contourne l’application d’un traité, doit être dénoncée avec force.
Saisir l’opportunité du drame ukrainien pour continuer de sanctionner la Hongrie, la Pologne et enfoncer le clou en généralisant la possibilité de bloquer des fonds à l’encontre de n’importe quel pays de l’Union, suspecté de violation de « l’état de droit », en contournant l’obligation de l’unanimité de l’article 7 TUE, est une manœuvre inadmissible.
J’engage fermement nos responsables européens à revenir sur de telles décisions illégitimes et fondamentalement injustes.