La décision aurait dû attendre le sommet européen de Zagreb en mai, mais qu’importe ! L’occasion créée par la panique sanitaire du coronavirus, détournant opportunément l’attention de tout autre sujet de politique nationale ou européenne, était décidément trop belle.
Dès aujourd’hui, les ministres des Affaires Européennes devraient se concerter par visioconférence. L’officialisation de l’ouverture des négociations avec l’Albanie et la Macédoine du Nord interviendrait dans la foulée.
Triste épilogue d’un feuilleton qui avait vu en octobre la France, les Pays-Bas et le Danemark, faire échec à cette étape importante de l’élargissement aux Balkans occidentaux. Mais l’alliance entre les trois Etats membres s’était depuis lors fissurée, la pression de la Commission européenne se faisant plus insistante. Une nouvelle méthodologie de l’élargissement ainsi que deux rapports élogieux sur les candidats avaient eu raison des dernières velléités de résistance.
Certes, pour ne pas perdre complétement la face, l’Allemagne et les Pays-Bas auront fait mine d’adresser à l’Albanie une liste d’exigences draconiennes en matière de réformes. Mais le simple fait que l’ouverture des négociations intervienne alors que le petit pays majoritairement musulman s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos, entre crise politique ouverte et législation sur les médias quasi totalitaire, –le président albanais lui-même ne s’est-il pas inquiété d’une dérive à la « Corée du Nord » ? – en dit long sur la crédibilité de ces mêmes critères. Et si l’adhésion n’est pas pour demain, les généreux fonds de préadhésion continueront, eux, de couler à flots : 1,25 milliard pour chacun des deux pays entre 2007 et 2020 !
Derrière les beaux discours l’Albanie est un loup, travaillé par une corruption endémique, une criminalité chronique et l’infiltration de l’islam radical, qui s’apprête à faire irruption dans la bergerie européenne. A l’heure du conflit ouvert avec le Président turc sur la question migratoire, l’Albanie sera également un cheval de Troie du fait de sa proximité croissante avec Ankara : de l’imposante mosquée de Namazgâh et ses financements turcs à la décision plus cocasse du pays, en pleine crise sanitaire, de supprimer tous les vols à destination ou au départ de Tirana… sauf ceux avec Istanbul. Tout un symbole !